Compassion infinie
Comment pourrais-je, comment pourrions-nous aimer tous les hommes ? Les chérir, se soucier de leur sort comme du notre, sans les avoir jamais rencontrés, sans même les avoir entraperçus dans une pensée fugitive ? Un être humain semble en être incapable, à moins d'être un modèle de compassion, ayant tué les passions qui l'anime.
J'imagine que nous ne sommes irremplaçables que pour Dieu, notre créateur, dut-il daigner exister. Seul lui pourrait avoir suffisamment de bonté et de miséricorde pour aimer tous ses enfants. Si un athée peut l'imaginer, un croyant devrait être en mesure de le comprendre. Encore faut-il que sa croyance porte sur Dieu, chose rare en ces temps où on vénère plus dans les chapelles progressistes le fils de charpentier que le fils de Dieu. Dans tous les cas la vénération de l'humanité est répugnante, comme tout culte de soi-même. Adorer l'Homme revient à adorer l'idée qu'on se fait de soi-même, ce qui revient à dire avec emphase que nous nous aimons. L'idolâtrie humanitaire doit être l'exacerbation du culte du "moi" en tant qu'abstraction.
Cette compassion sans limite est la marque de Bouddha, d'un boddhisattva ; du divin. C'est ainsi que la tradition bouddhique rapporte que Pûrna un des premier disciple du dharma demanda au Bouddha la permission d'aller comme missionnaire dans un pays barbare nommé Sronâparânta. Le bouddha essaye de l'en dissuader, alors le dialogue suivant s'engagea :
Le Bouddha : "Les hommes du Sronâparânta sont emportés, méchants et cruels. Ils adressent des paroles méchantes, grossières, insolentes. S'il t'adresses des paroles méchantes, grossières, insolentes, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'en réalité les hommes du Sronâparânta sont bons et doux, puisqu'ils me frappent ni de la main ni à coups de pierres."
Le Bouddha : "Mais s'ils te frappent de la main et à coups de pierre, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons puisqu'ils ne me frappent ni du bâton ni de l'épée."
Le Bouddha : "Mais s'ils te frappent du bâton et de l'épée, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons, puisqu'ils ne me privent pas de la vie."
Le Bouddha : "Mais s'ils te tuent Pûrna, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons, puisqu'ils me débarassent de cette carcasse pourrie du corps sans trop de difficulté. Je sais qu'il y a des moines qui ont honte de leur corps, en sont tourmentés et dégoûtés, qui sont tués avec des armes, prennent du poison, sont pendus avec des corde ou jetés dans des précipices."
Le Bouddha : "Pûrna, tu possède la bonté, la patience la plus haute. Tu peux vivre chez les Sronâparânta, y fixer ton séjour. Va et enseigne-leur comment être libre, toi qui est libre toi-même."
Nous autre êtres humains pouvons seulement, avec sincérité nous soucier des gens que nous aimons. Les autres en comparaison ne sont que des spectres sans vie, que seule l'annonce imminente de leur mort nous avertit de leur existence. Des statistiques, où le nombre de victimes assénée en millions nous apparaît sous la forme d'une série de zéros. Tout au plus avec des efforts perçoit-on une multitude informe. Je suis capable, de sentir le poids et la chaleur d'un corps contre le mien, de sentir une absence, d'en être peiné, ou la joie d'une compagnie. Mais affirmer "que rien ne vaut une vie", me semble un rien présomptueux. Là encore une parole qui n'engage à rien, et dont on se déliera à la première occasion. Une façon comme une autre de combler les belles âmes, qui s'empresseront à l'occasion d'affirmer qu'un holocauste automobile vaut mieux que quelques gouttes de sang perdues par un vaurien.
Pour reprendre un mot de Rousseau (même lui a pû écrire dans un moment d'inadvertance des choses censées) "tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins." Cette soit-disant amour de l'humanité n'est que marque de tartufferie, où les galons pesants de ces généraux de la bien-pensance peine à cacher leur hypocrisie. Et on n'invoque jamais autant le suprême intérêt de l'Humanité, que quand il s'agit de commettre un crime d'une ampleur telle que les justifications habituelles paraissent insuffisantes. Pendant qu'untel se fait le chantre de l'Humanité, pour mieux flétrir les Dupont-Lajoie qui parsèment son existence. Ce doit être là, la grande leçon de compassion de nos professeurs d'humanisme.
V.V.
J'imagine que nous ne sommes irremplaçables que pour Dieu, notre créateur, dut-il daigner exister. Seul lui pourrait avoir suffisamment de bonté et de miséricorde pour aimer tous ses enfants. Si un athée peut l'imaginer, un croyant devrait être en mesure de le comprendre. Encore faut-il que sa croyance porte sur Dieu, chose rare en ces temps où on vénère plus dans les chapelles progressistes le fils de charpentier que le fils de Dieu. Dans tous les cas la vénération de l'humanité est répugnante, comme tout culte de soi-même. Adorer l'Homme revient à adorer l'idée qu'on se fait de soi-même, ce qui revient à dire avec emphase que nous nous aimons. L'idolâtrie humanitaire doit être l'exacerbation du culte du "moi" en tant qu'abstraction.
Cette compassion sans limite est la marque de Bouddha, d'un boddhisattva ; du divin. C'est ainsi que la tradition bouddhique rapporte que Pûrna un des premier disciple du dharma demanda au Bouddha la permission d'aller comme missionnaire dans un pays barbare nommé Sronâparânta. Le bouddha essaye de l'en dissuader, alors le dialogue suivant s'engagea :
Le Bouddha : "Les hommes du Sronâparânta sont emportés, méchants et cruels. Ils adressent des paroles méchantes, grossières, insolentes. S'il t'adresses des paroles méchantes, grossières, insolentes, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'en réalité les hommes du Sronâparânta sont bons et doux, puisqu'ils me frappent ni de la main ni à coups de pierres."
Le Bouddha : "Mais s'ils te frappent de la main et à coups de pierre, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons puisqu'ils ne me frappent ni du bâton ni de l'épée."
Le Bouddha : "Mais s'ils te frappent du bâton et de l'épée, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons, puisqu'ils ne me privent pas de la vie."
Le Bouddha : "Mais s'ils te tuent Pûrna, que penseras-tu de cela ?"
Pûrna : "Je penserai qu'ils sont des hommes doux et bons, puisqu'ils me débarassent de cette carcasse pourrie du corps sans trop de difficulté. Je sais qu'il y a des moines qui ont honte de leur corps, en sont tourmentés et dégoûtés, qui sont tués avec des armes, prennent du poison, sont pendus avec des corde ou jetés dans des précipices."
Le Bouddha : "Pûrna, tu possède la bonté, la patience la plus haute. Tu peux vivre chez les Sronâparânta, y fixer ton séjour. Va et enseigne-leur comment être libre, toi qui est libre toi-même."
Nous autre êtres humains pouvons seulement, avec sincérité nous soucier des gens que nous aimons. Les autres en comparaison ne sont que des spectres sans vie, que seule l'annonce imminente de leur mort nous avertit de leur existence. Des statistiques, où le nombre de victimes assénée en millions nous apparaît sous la forme d'une série de zéros. Tout au plus avec des efforts perçoit-on une multitude informe. Je suis capable, de sentir le poids et la chaleur d'un corps contre le mien, de sentir une absence, d'en être peiné, ou la joie d'une compagnie. Mais affirmer "que rien ne vaut une vie", me semble un rien présomptueux. Là encore une parole qui n'engage à rien, et dont on se déliera à la première occasion. Une façon comme une autre de combler les belles âmes, qui s'empresseront à l'occasion d'affirmer qu'un holocauste automobile vaut mieux que quelques gouttes de sang perdues par un vaurien.
Pour reprendre un mot de Rousseau (même lui a pû écrire dans un moment d'inadvertance des choses censées) "tel philosophe aime les Tartares, pour être dispensé d'aimer ses voisins." Cette soit-disant amour de l'humanité n'est que marque de tartufferie, où les galons pesants de ces généraux de la bien-pensance peine à cacher leur hypocrisie. Et on n'invoque jamais autant le suprême intérêt de l'Humanité, que quand il s'agit de commettre un crime d'une ampleur telle que les justifications habituelles paraissent insuffisantes. Pendant qu'untel se fait le chantre de l'Humanité, pour mieux flétrir les Dupont-Lajoie qui parsèment son existence. Ce doit être là, la grande leçon de compassion de nos professeurs d'humanisme.
V.V.
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