dimanche, octobre 09, 2005

Ces bons samaritains qui veulent aider l'Afrique


Les bons samaritains sont partout. A la télévision, dans les pages de vos journaux, à la radio et même dans le café Max Havelaar que vous buvez le matin si vous avez les moyens d'acheter les produits de cette marque. Alter-mondialistes, bobos de la capitale, baby-boomers nostalgiques du lancer de pavés et autres "citoyens du monde" auto-proclamés. Leur objectif? Il est simple: mettre fin à la misère dans le monde. "Quel noble objectif!", me direz-vous. Et comment! Seulement, il y a un hic, et pas des moindres: ces bons samaritains n'ont pas que de nobles idéaux "humanistes", ils ont surtout une face noire que peu de français ont la chance d'observer.
Parlons-en.

En France comme ailleurs, il est bien dur de résister à l'assaut soudain des bonnes âmes de tout bord qui vous vendent de la soupe "solidaire" à tous les repas. Les ravages de l'ouragan Katrina en Louisiane? La faute au manque de solidarité pardi! Les catastrophes écologiques dûes aux dégazages de chalutiers en mer? La "course au profit" au détriment de la solidarité voyons! La misère dans laquelle l'Afrique est plongée depuis des décennies? Le manque de "so-li-da-ri-té" qu'on vous dit! La messe est dite. Ne reste plus qu'à vous acquitter de votre devoir moral en glissant quelques deniers dans la corbeille et vous voila investi d'une bonne conscience bien méritée. Un peu court j'en conviens. Et pourtant, ne sous-estimez pas cet acte, aussi minime soit-il! Il y a des bobos parisiens se comptant par centaines qui évitent de dépenser des fortunes en séances psychiatriques en assistant à un concert de soutien à l'Afrique tel que le récent Live8. Comme quoi, à chacun son confessional..

Mais derrière le masque "humanitariste" dont ces gens s'affublent, il se cache une toute autre réalité. En effet, quoi de plus réconfortant que d'envoyer trois francs six sous à un pauvre "ch'ti n'africain" tout maigre qui n'a pas de quoi vivre? Cela vous épargne une longue et fastidieuse réflexion de bon gestionnaire cartésien qui finira toujours par vous amener à constater que l'Afrique a plus besoin de libertés individuelles que d'argent frais venant remplir le porte-feuille des autocrates africains toujours plus avides de ce précieux lait, surtout quand celui-ci leur permet de renforcer les moyens qu'ils ont à disposition pour serrer un peu plus l'étau autour de la tête de leurs sujets. En effet, pourquoi s'embêter à vouloir supprimer nos barrières douanières et autres politiques protectionistes pour que ces "faces-de-chocolat-noir" viennent nous vendre leurs bananes? Les africains sont très bien où ils sont nom did'jû! D'ailleurs, ces sales égoïstes de vendeurs de banania ne se rendent même pas compte de leur chance ! Ces heureux indigènes ont tout de même le luxe d'avoir échappé à la "société d'hyper-consommation" occidentale. Y'a bon!



Vous l'aurez compris, les "humanistes" ne sont jamais ceux qui se gargarisent de l'être à n'en plus finir. Après avoir subi l'oppression de l'étatisme colonialiste (1) et la mégalomanie des dictateurs en tout genre, voila que les africains doivent supporter le paternalisme aux relents de racisme de la part de ceux qui prétendent "aider l'Afrique" en plaidant en faveur d'un Plan Marshall pour ce continent et supportant au passage le "commerce équitable". Ces prises de positions ne sont là que pour se donner bonne conscience: les aides aux développements enferment les producteurs africains dans une dépendance insoutenable, elles ne facilitent pas leur accès à notre marché ni les aident à sortir de leur misère ; d'ailleurs qui oserait être assez naïf au point de croire que ces subventions trans-frontalières arrivent réellement dans les mains des producteurs africains? Le problème est connu: il vient de l'absence totale de définition juridique du droit de propriété des exploitants sur leur terre, ce qui crée du "capital mort" que les producteurs ont le plus grand mal à échanger (2), si l'on ajoute à cela les barrières douanières que l'Union Européenne met en place pour empêcher les agriculteurs du Tiers-Monde de commercer avec elle, on en conclut assez rapidement que ce n'est pas trois miettes d'aides au développement et un surcoût sur la vente de 50 grammes de café cultivé au Kenya et vendu dans les pays du Nord qui vont réellement aider les africains à se sortir de leur misère.

En réalité, qui a dit que le souci premier de ces bons samaritains du Live8 et affiliés étaient de résoudre les problèmes de l'Afrique? Tous les bobos qui s'auto-félicitent "d'acheter équitable" ne le font que pour soulager leur conscience de post-soixante huitards désabusés par l'absence de "Révolution" à venir, c'est pitoyable. Derrières leurs beaux apparâts de "citoyens de monde ouverts à toutes les cultures", ces gauchistes qui font leurs courses chez Prada ne regrettent guère l'état de pauvreté avancée des pays dont ils visitent les beautés touristiques: en effet, c'est chez ces energumènes que l'on retrouve cette pensée post-coloniale caricaturalement raciste qui les amènent à se féliciter du "charme" naturel de certains lieux typiques qui n'ont pas encore été "envahis" par le "tourisme de masse" et que l'on ne peut accuser d'être soumis à la "course au profit": peu leur importe que les locaux y vivent dans une extrême misère, tant que le charme local est là et que l'on a soulagé sa conscience en achetant un souvenir pour pas chèr et ainsi contribuer à nourrir une famille avec une soupe hebdomadaire, pourquoi s'en vouloir? C'est le même comportement que l'on retrouve chez les touristes qui se félicitent de trouver des voitures datant des années 50 à Cuba tout en occultant totalement le fait que le "charme" naturel des vieux quartiers de Cuba vient plus de la misère dans laquelle leurs occupants sont plongés par Castro et sa clique que par réelle volonté de conserver un certain folklore. Ce sont ces mêmes bobos globe-trotters qui soulagent leur conscience en buvant du café issu du commerce équitable devant France2 le dimanche après-midi tout en se confortant dans l'idée que ces africains ne méritent pas pour autant de venir commercer librement avec les pays du Nord, qu'ils sont bien mieux sous le soleil de l'Afrique que dans notre "société de consommation".

Les nouveaux bons samaritains d'aujourd'hui qui prétendent "aider" l'Afrique à grands renforts d'aides au développement et autres lubbies politiquement correctes vivent en réalité dans l'image idéalisée du paysan africain qui cultive ses bananes avec passion comme les colonisateurs d'hier cultivaient l'image d'Epinal traditionnel du bon tirailleur sénégalais qui n'est bon qu'à porter un veston aux couleurs du drapeau tricolore. A quelques nuances près, il y a bien peu de choses qui différencient le bobo d'aujourd'hui du colonisateur d'hier, renvoyons une fois pour toutes ces gens au même mur et mettons nous vraiment à aider l'Afrique en libéralisant le marché agricole tout en faisant tout ce qui est en notre pouvoir pour affaibilir le pouvoir oppresseur des autocrates africains afin que leurs "sujets" s'émancipent de leur joug et puissent enfin mener à bien leur poursuite du bonheur individuel. A n'en point douter, c'est ainsi et seulement de cette manière que nous pouvons réellement aider l'Afrique.

Notes:

(1) A lire à ce sujet mon article sur le colonialisme: Colonialist Papa was an Etatist ou pourquoi le colonialisme est un étatisme ( http://www.peres-fondateurs.com/lafronde/?p=73 )

(2) Dans l'ouvrage Le Mystère du Capital, L'économiste Hernando De Soto a très bien mis en lumière les blocages imposés aux producteurs africains qui, de facto, ne peuvent échanger leurs produits aisément. Indispensable.

- Lafronde

2 Comments:

Blogger Harald said...

Ceci dit, un grand merci quand même à Castro. Grâce à lui on trouve encore de belles américaines en bon état et pas cher. Mais chut! Il ne faut pas le dire sinon les prix vont grimper.

3:35 PM  
Blogger paz said...

un grand merci aussi a toi.qui grace a des textes comme ça remette les idees en place a certain.
paz.

1:36 AM  

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