lundi, août 29, 2005

Le PS en pleine crise mystique

Les socialistes, affaiblis par leurs dissensions internes, ne savent plus où donner de la tête. Le monde est devenu complexe, le prolétariat et le patronat ne sont plus les mêmes, les données ont changé, comme les rapports de force qui se sont démultipliés. Guerre, paix, Jaurès, Marx, etc. Ce n'est pas seulement notre entourage médiatico-politique qui a changé, ni les préoccupations des gens, ce sont les traditionnels pôles d'oppositions et les enjeux réels.

Les socialistes ne le comprennent pas, pire encore ils ne veulent pas comprendre. Les socialistes veulent revenir au temps de Jaurès, de la SFIO, des grandes luttes, du manichéisme partisan et des concepts simples, voire simplistes. Les socialistes ne veulent pas du présent et ont peur du futur, ils vont alors offrir un passé archaïque à un électorat dépité. Chronique d'une fuite en avant...

Le Valeurs Actuelles de cette semaine se fait l'écho de cette politique du pire prônée par des éléphants qui ont perdu la boule:

"Nous sommes socialistes et nous en sommes fiers, fiers des réformes que nous avons menées, fiers des idées que nous avons fait avancer", écrit François Hollande.
François Hollande n'a aucun mea culpa à formuler concernant la période durant laquelle les socialistes étaient au gouvernement, sous l'égide de Jospinovitch le reconverti. Ayant certes créé des emplois mais sans faire profiter les français des bienfaits de la croissance, les socialistes ne peuvent pourtant pas s'arroger le luxe de jouer aux triomphalistes, il est vrai que la modestie n'est pas le point fort de la gauche "la plus conne du monde."

"Nous ne sommes ni sociaux-libéraux, ni sociaux-radicaux. Nous sommes socialistes", résume Martine Aubry.
Martine Aubry ne veut pas du blairisme, besoin d'en dire plus? Les socialistes, plus que la droite, se caractérisent actuellement par un refus absolutiste du consensus, les socialistes sont des socialistes, point barre. Quand l'on voit les effets d'une politique social-démocratique à l'anglaise, on serait pourtant tenté de se demander si l'aventure ne mérite pas d'être expérimentée. Mais les socialistes croient au mythe selon lequel nous sommes dans un monde désenchanté et dans lequel les gens ont besoin d'accéder à un nouveau "rêve" politique, à de nouvelles aspirations collectives ; ces élements de "merveilleux" montre que le PS est en ce moment l'un des partis à la posture la plus "mystique" de l'échiquier politique actuel...

Enfermés dans cette situation de "religiosité", les socialistes ne sont guères crédibles, quand l'heure du réveil viendra qui aura donc la naïveté de croire à un sincère revirement blairiste du PS? C'est pourtant inévitable, quand les socialistes laisseront tomber leur coiffe d'ayatollah, il faudra bien se montrer un peu plus sérieux, affronter avec courage la situation économique à laquelle nous sommes confrontés et, plus simplement, arrêter la fumette. Mais à trop vouloir tourner sa veste, plus personne ne nous croit quand l'on a enfin trouver le bon sens. Ceci dit, je tiens à rassurer messieurs les éléphants: les français n'ont pas de mémoire.
L’ancienne ministre de l’Emploi veut "reprendre le chemin historique de la réduction du temps de travail" qu’Emmanuelli veut appliquer "sans baisse de salaire".
Travailler encore moins en gagnant la même somme à la fin du mois, voire plus? Mais, messieurs les porteurs de rose, qui va devoir payer l'addition de ce manque à gagner? La marmotte qui met le chocolat dans le papier alu?


Ce genre de discours est typique du mysticisme actuel des ténors socialistes, fuire la réalité à tout prix et offrir un monde de bisounours à leur électorat, les socialistes se croient "présidentiables" avec ce genre d'élucubrations qui fait de la gauche française un sujet à plaisanteries dans nombre de pays! Qu'ils rient, qu'ils rient. De toutes manières, la France va bientôt se faire "vitrifier", gardons au moins notre potentiel comique.
Le PS n’a pas peur, non plus, de désigner son adversaire : "L’affrontement avec la droite est politique, idéologique et culturel. Nous menons un combat valeurs contre valeurs, projet contre projet", affirme François Hollande.
Rien que ça? François Hollande met ses couilles sur la table, c'est le moins qu'on puisse dire.

Les mouvements d'extrême-gauche croyaient pouvoir refaire un "mai 68" en 2005 avec les récentes manifestations lycéennes et voila que François le flan, socialiste de son état, adhère au même projet mais ajoute une dose de réalisme à ce bel engagement romantique: il vise 2007. C'est qu'il en faut du temps pour préparer une révolution...
"Notre socialisme est à la fois une critique du capitalisme et du productivisme et un projet de transformation de notre société"
Voila, le mot d'ordre est lancé: "projet de transformation de notre société". Le constructivisme reste le maître mot, c'est avec les bons vieux tours de passe-passe que l'on entourloupe les mêmes pigeons. En optant pour une novlangue teintée d'illumination marxiste, les socialistes ne déperissent pas sur place, ils creusent leur propre tombe.

Mais, vous n'avez encore rien vu, quand les socialistes amputent les problèmes mondiaux à un libéralisme qui n'existe pas, ça devient risible.
"Misère dans le tiers-monde, chômage dans les pays industrialisés, mais aussi précarité du travail, flexibilité, insécurité sociale, délocalisations…", poursuit François Hollande.
La "misère dans le tiers-monde"? Elle est dûe, dans les pays du Sud, au manque total de définition juridique des droits de propriété des exploitants terriens, une terre qui devient dès lors un "capital mort" dont les propriétaires, qui n'ont que les fruits de leur activité agricole à échanger, ne peuvent plus proposer aux pays du Nord qui, de leur côté, sont gouvernés par des dirigeants instituant des barrières douanières et mettent en place des politiques protectionistes en série qui sont en grande partie responsables de la "misère dans le tiers-monde". Une misère provoquée par le protectionisme et l'isolationisme économique des pays du nord et non pas par le libre-échange qui, pourtant, serait porteur d'immenses bienfaits pour ces populations.

Le "chômage dans les pays industrialisés"? Est-il utile de rappeler que le chômage se fait discret dans des pays comme la Nouvelle-Zélande, Etat dans lequel la ministre des Finances de 1991, Ruth Richardson, a quasiment supprimé tout le code du travail en 6 semaines en n'accordant qu'un rôle supplétif aux conventions collectives, faisant alors la part belle à une flexibilité tant décriée. Le résultat? Le chômage a diminué de moitié en moins de 5 ans. Et après, l'on a encore la naïveté de croire que le code du travail à la française, produit de la théorie marxiste de la lutte des classes, protège comme il se doit les salariés.

Les "délocalisations"? Elles sont causées par l'inquisition fiscale qui sévit dans nos contrées tricolores, les cerveaux et les industriels quittant le pays pour des régions un peu moins polluées par les règlementations liberticides, ce phénomène entraîne inéluctablement des pertes d'emplois douloureuses.

Que l'on parle des délocalisations, du chômage ou de la pauvreté dans le tiers-monde, tous ces phénomènes ont une cause: l'absence de libéralisme.
Jean-Luc Mélenchon : "Le capitalisme de notre époque est un système injuste, inefficace et gaspilleur. Il peut et doit être dépassé."
Sans commentaire. Jean-Luc Mélenchon devrait faire un tour du côté des pays de l'Est et demander aux locaux, dont beaucoup se sont habitués aux vertus de la flat tax, ce qu'ils pensent des idéologues qui veulent "transformer la société" et qui prétendent vouloir "dépasser" le capitalisme.

Maintenant, le spectacle peut vraiment commencer, accrochez vos ceintures:

Les socialistes ne le cachent pas: "Le retour d’un État volontaire réclame nécessairement des ressources publiques dynamiques. Et ceux qui ont fait l’apologie des baisses d’impôts, y compris dans notre famille politique, se sont trompés", écrit François Hollande. "Il faut revenir sur les réformes libérales de l’ISF et des droits de succession", ajoute Henri Emmanuelli. "La logique de la baisse de l’impôt ne fait pas partie de notre logiciel", résume Arnaud Montebourg, qui propose de "repenser la fiscalité du capital". Henri Emmanuelli envisage "d’augmenter les cotisations patronales" pour financer le système de retraite par répartition "compte tenu, dit-il, de la restauration de la santé des entreprises"! Laurent Fabius lance l’idée d’une "surcotisation à l’assurance chômage concernant les grands groupes et leurs filiales qui recourent de manière excessive aux contrats à durée déterminée et à l’intérim. (…) La remise en cause des exonérations de charges sans conditions dégagera des possibilités nouvelles." "Les politiques de baisse des impôts et des charges se sont avérées inefficaces face au chômage et socialement dévastatrices", conclut Henri Emmanuelli.

Les socialistes sont des gens très drôles. Ce sont ces gens-là qui, dans un pays où l'Etat nous pompe 54% de nos revenus annuels, prônent une augmentation des impôts alors que depuis 2002, la CRDS et la CSG ont augmenté dans le cadre de la reformette de l'assurance-maladie téléguidée par Douste le preux mais aussi la taxe d'habitation, de 3%, puis le prix du diesel, des cigarettes et j'en passe ; les taxes sur la consommation telles la TVA, soit les impôts indirects, représentent 60% de la tondaison annuelle du mouton-contribuable. La bataille du contribuable n'est donc pas une cause "bourgeoise" mais nationale, qui concerne tout le monde, classes modestes comme aisées. Chose que les tenants socialistes d'un revival marxiste n'ont pas compris et ne semblent pas près à comprendre.

Pour le député des Landes, "la démocratie ne peut s’arrêter au seuil de l’entreprise. (…) Il faut redonner à la législation du travail sa véritable finalité : la protection des travailleurs face à l’arbitraire patronal".

C'est bien connu, l'entreprise est un enfer sur terre pour tous les salariés de cette foutue planète rongée par des patrons fascistes et ultra-libéraux exploitant l'ouvrier jusqu'à la dernière goutte... une chose est sûre, Marx n'est pas mort. Les relations internes à l'entreprise ne sont pas uniquement ponctuées de conflits de gladiateurs, ce sont des lieux de coopération où le salarié se professionalise et acquiert des conaissances qui n'ont pas été apprises ailleurs. Tant que les socialistes verront l'entrepreneur comme un baron assis sur la masse d'employés qu'il exploite quotidiennement, tant que cette diabolisation intellectuelle perdurera et que les socialistes (la droite n'est d'ailleurs pas exempte d'une telle critique) s'obstineront à vouloir pénaliser les gens qui créent des emplois dans ce pays, une inflexion de la courbe du chômage n'apparaîtra pas avant des lustres..
Il s’agit d’augmenter les droits des comités d’entreprise et des délégués du personnel pour "développer le contrôle de la gestion des entreprises".
Qui a dit que la politique était austère et ennuyeuse? Henri-Emmanuelli veut probablement parler des méfaits du comité d'entreprise d'EDF, à majorité CGTiste, qui ne manqua pas de générosité envers le PCF...

Comment, dans ces conditions, relancer la machine économique? Tout simplement en augmentant les salaires! Le premier secrétaire du PS en fait une priorité, partagée par Laurent Fabius : "Dans le secteur public comme dans le privé, des rattrapages salariaux devront intervenir, puis des revalorisations régulières", écrit l’ancien premier ministre.
De qui se moque t-on? Les socialistes ont-ils oublié les leçons de 1981? Mais la vraie question est: les français sauront-ils leur rappeler en 2007, lors des prochaines éléctions? A suivre donc...


N'en jetez plus, les socialistes ressortent les vieux pots, la mayonnaise par contre sent le rance et ce n'est pas peu dire. Le PS est en train d'opérer un véritable repli idéologique, la lutte des classes est réactualisée, la figure de l'employeur est diabolisée au possible, le code du travail renforcé et une hypothétique augmentation des impôts, applaudie. Heureusement, il reste quelques réalistes au sein du PS, comme Bernard Kouchner ou Jean-Marie Bockel qui n'hésite pas à parler de "socialisme libéral", l'air de rien c'est déjà une révolution que de voir certains penser au blairisme.

Le salut viendra t-il de l'aile droite de la gauche? C'est à envisager, l'UMP s'obstinant à suivre la gauche, la queue entre les jambes, depuis quelques années déjà. Espérons que cette fois-ci la droite continuera à se faire le toutou d'une gauche certes, mais blairiste pour une fois. Utopie?

To be continued...

source:
Valeurs Actuelles n° 3587 paru le 26 Août 2005

à lire: le commentaire de David Victoroff sur Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse.


- Lafronde