samedi, février 25, 2006

Retour sur les caricatures du chamelier prophète



Je pourrais commencer par dire que ces caricatures danoises sont condamnables moralement, parce que les toutes les religions doivent être respectées. Vous parlez avec solennité de la liberté d'expression. Voir comme un signe positif que la presse, et tout particulièrement celle de gauche défende pour une fois la liberté d'expression à nos côtés. Et pourquoi pas les voir pour l'occasion comme des alliés de circonstance. Je pourrai aussi rappeler que le délais entre la publication de ces caricatures malheureuses et les réactions islamiques laisse supposer la manipulation, que cette réaction est disproportionnée. Mais aussi démontrer que les médias arabo-musulmans en font bien plus dans la forfaiture, sans que les européens n'en disent rien. Je pourrais de même revenir sur les déclarations des pays occidentaux. Mais non, je n'en ferais rien.

J'aimerais me réjouir de cette affaire, sincèrement. Il pourrait être assez amusant de voir cette gauche prétenduement islamophile se confronter comme de vulgaires frontistes à la communauté musulmane. Je pourrai même le faire si seulement ces gauchistes ne jouait pas notre avenir, et peut-être notre vie dans leurs sinistres aventures. Dire le contraire d'un gauchiste ne vous donne pas nécessairement raison, mais il y a une chose qui ne trompe pas, être dans le même camp ne présage absolument rien de bon. Cela devrait d'ailleurs exciter notre esprit critique et notre méfiance. Par quel miracle me retrouverais-je sur le même front que ce torche merde de Charlie Hebdo ?

Il suffit de se remémorrer les faits pour comprendre. "Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine, et de religion chrétienne", disait en 1945 le général De Gaulle. C'était il y a 60 ans, mais ça pourrait bien s'être passé il y a 4 siècles, cela ne ferait la moindre différence, tellement ces paroles semblent sortir d'un autre temps. D'un temps où le multiculturalisme aurait semblé faire référence aux bretons, alsaciens, picards, auvergnats, provençaux, parisiens. D'un temps où la France se voulait avoir une population homogène, où elle était encore une puissance coloniale fière d'elle même, essayant de remonter la pente, de reconstruire le pays, et illusoirement de préserver son ancienne gloire.

Après le succès des indépendances, les populations originaires de ces ex-colonies - promises à un brillant avenir - arrivèrent plus nombreuses que jamais en "métropole". Arrivée qui coïncidait avec la fabuleuse reprise économique d'après-guerre, et qui fit la joie d'une partie du patronat français. Immigration dite de travail, peu syndiquée, corvéable à merci, peu considérée et aussi qualifiée que rémunérée ; elle avait vraiment tous les avantages. Et en plus, tout le monde le disait, elle n'avait pas vocation à faire souche. Fiction qui prit fin avec les chocs prétroliers, la fin des Trentes Glorieuses, et la mesure d'humanité de regroupement familial inaugurée sous les auspices giscardiens. Et puis les idéaux petit bourgeois de mai 1968 sont passés par là. Le nouveau mot d'ordre hautement révolutionnaire consistait à faire table rase du passé, ce qui entraina une libéralisation des moeurs, un mouvement de "progrès social". Par étapes, strates successives, vit le jour toute une série de droits : le droit des femmes, le droit des homosexuels, le droit des minorités, le droit à la différence, ect... Tout cela faisant bon ménage avec les aspirations internationalistes et tiermondistes, et de facto avec cette immigration massive.

C'est donc assez naturellement que les gauchistes intrumentalisés par le PS s'engouffrèrent dans la "lutte contre le racisme", succédané à peine remis au goût du jour de la bonne vieille "lutte anti-fasciste". Même s'il est vrai qu'au tournant des années 80 le PC en mal de réussite tenta un virage nationaliste de courte durée. L'immigration devint comme partout en occident le compagnon de route de la gauche, électorat captif qu'il était nécessaire de chouchouter. Les plus Républicains entrèrent dans une période vache maigre dominée par le courant prônant une intégration respectueuse des particularités communautaires, la première affaire du voile de 1989 leur laissa la main. Puis une certaine radicalisation de la société française, aussi appelée lepénisation des esprits, pris dans ce contexte comme synonyme de retour au pricinpe de réalité, conduisit à un retour en force des Républicains laïcards et jacobins, bouffeurs de curés, d'imams et de rabbins.

Nous en sommes là lorsque éclata à retardement l'affaire des caricatures du chamelier prophète, que bon nombre de musulmans entreprirent de rendre plus vraies que nature. La presse, surtout engagée, revendiquant pour l'occasion un droit à la caricature et au blasphème islamophobe. L'élement religieux et les crises d'urticaire qu'il provoque chez ces gens étant loin d'être totalement étranger à cette réaction.

Mais c'est tout de même étrange qu'on en vienne à considérer chez les Républicains qu'il faille protéger la communauté juive des bouquins de Faurisson, les homosexuels tout spécialement des propos du député Vanneste, les noirs de la négation de l'esclavage, sans rire, les femmes des plaisanteries sexistes. Mais qu'on trouve légitime, que la chose la plus importante, la plus sacrée pour un quart de l'humanité, ainsi que pour beaucoup de français, puisse être ainsi profanée, souillée par des rires gras et des mains sales. Si même les arméniens ont pû espérer un temps, que le génocide éponyme soit reconnu par le parlement comme un crime contre l'humanité, les musulmans peuvent bien prétendre protéger leur religion des attaques injurieuses et blessantes.

A partir du moment où la France se libanise, sous l'action de nos Républicains citoyens et pro-immigrationnistes, n'est-il pas logique que notre mode de vie s'adapte en conséquence ? On n'a cessé de répéter que maintenant il fallait respecter leur identité, et bien respectons-la. On n'a cessé de répéter que l'assimilation était hors de propos - discours dicté par le bon sens au vue des réalités - que maintenant la République promouvait l'intégration, respectueuse des cultures, des traditions... Les musulmans ne s'intégraient-ils pas mieux en France si on cessait de les importuner avec ces histoires de voile, et si on commençait à les respecter ? Suivons l'exemple initié par la Grande-Bretagne, suivons l'exemple de Tony Blair qui salarie Tariq Ramadan. Ne traitons plus ces enfants de l'immigration en étrangers, alors que beaucoup vivent dans ce pays, eux et leurs familles, depuis des décennies. Dans ce contexte qui signifie donc s'intégrer ? Pour être intégrés, ils le sont, ils ont en grande partie assimilées les valeurs de la France contemporaine.

Il est encore plus étrange, que ce thème de la liberté d'expression ressurgisse dans la bouche de ceux qui ont soutenu les unes après les autres, les lois les plus liberticides de ces dernières années. Ceux qui ont contibué à créer une histoire officielle, et des condamnations pour blasphème. Ceux qui ont mené le combat pour créer des communautés protégées aux droits spéciaux. Mais dans cette affaire des caricatures, contrairement à ce qu'on l'on aurait pû tout d'abord croire, ils ne se sont pas réfugiés comme à leur habitude derrière ce discours à la con d'appel à la tolérance, au respect de l'autre, et de condamnation de caricatures fascisantes. Non ils ont étreint l'étendard de la lutte pour la liberté d'expression, adoptant une attitude à l'égard des musulmans fort peu civile, prenant tout de même soin de dire que les musulmans français n'était pas comme ça, et qu'eux ne s'offensaient pas à l'idée qu'on crache sur le prophète. Non bien sûr. Il faut dire que pour nos laïcards "liberté d'expression" rime avec vomissure en règle sur les religions, et tout particulièrement sur le catholicisme. "Ecraser l'infâme" disent-ils, combattre l'obscurantisme. On en va tout de même pas leur enlever le droit de représenter des bonnes soeurs se prenant des crucifix en anal.

On avait déjà vécu un épisode semblable ces dernières années. Cette guerre que les Républicains au sommet de leur art ont mené contre ce détecteur de connerie massive qu'est le voile islamique. Ils en avaient tirés cette fameuse loi contre les signes religieux ostentatoires à l'école, qui s'était faite au nom de la laïcité, comprenez athéisme d'Etat. De plus en plus, les gauchistes sont confrontés à l'islam, à des musulmans aux revendications identitaires et religieuses qui leur sont hostiles, et voient leur mode de vie hédoniste et progressiste remis en question par ces forces dont ils s'étaient fait les alliés. Il était encore un temps où les gauchistes trépignaient de joie, à l'idée de voir cette France dite éternelle se dissoudre dans l'immigration africaine, avec ses traditions et ses valeurs. La France à De Villiers, la France à Le Pen, mais aussi la France à Clémenceau, à De Gaulle, ou encore à Jaurès, cette France traditionnelle, cette France qui allait à l'église, qui avait une morale populaire, qui respectait l'armée, et qui se sentait patriote. Disparue à peu de chose près. Finalement n'est-ce pas un juste retour des choses que l'islam traditionnel reprenne le rôle tenu par les catholiques conservateurs.

Mais voilà pas que les musulmans s'attaquent à la République, non pas à la république, c'est-à-dire au régime politique, mais à la République, cette noble idée métaphysique née dans le trou de balle d'un philosophe révolutionnaire. Les féministes tellement habituées à taper sur le quinqua blanc et bourgeois, en avaient "oublié" ce qui se passait dans nos chères banlieues. Act-Up, milice de promotion de l'homosexualité s'en prend toujours, sans doute par facilité et automatisme, aux lieux de culte catholiques et bastonne des prêtres. Mais les paroles du moindre imam sont à juste titre réjouissantes, ce n'est pas un hasard si les gays néerlandais virent xénophobes. Et on commence à entendre des discours dans la bouche de gens qui ne nous y avaient pas habitué, sur le fanatisme et la misogynie de l'islam, sur son antisémitisme, sur le choc des civilisations, sur l'hypocrisie de la tolérance à sens unique, ect... Décidemment cette année l'extrême-droite prend ces marques très à gauche. L'évolution est là, les valeurs dites républicaines percutent de plein fouet des valeurs issues de la religion musulmane et des modes de vie du sud de la Méditerranée de plus en plus présents. Pendant longtemps les forces de gauche ont hésité, et elles le feront encore, préférant un vieil ennemi inoffensif et clairement délimité, à un brusque changement cap. Mais on ne leur laissera sûrement pas le choix indéfiniment.

En tout état de cause, voir ces raclures pro-immigrationnistes, qui ne cessent de répéter que l'islam est une religion d'amour, de paix et de tolérance, se confronter à leurs protégés musulmans, a quelque chose de profondément comique. Comptons les points. Après tout cette islamisation ne présente pas que des inconvénients. Et une conversion à l'islam ne serait pas la pire chose qui pourrait nous arriver. On pourrait même faire de l'entrisme libéral, comme le dit un hadith "Seul Dieu peut fixer les prix.", quand au "marchand honnête" il "sera assis à l'ombre du trône de Dieu au jour du Jugement." :D

C'est un peu le "choix" entre le bordel occidental et la caserne orientale.


V.V.