dimanche, septembre 25, 2005

Evergétisme et Humanité

Si la conquête martienne est réellement aussi importante, si elle est comme je le prétends porteuse de sens pour l'Humanité, qui aurait-il de plus naturel qu'elle soit l'oeuvre collective de toute l'Humanité. Il est vrai qu'au cours de l'histoire les communautés humaines n'ont cessés de s'affronter, de chercher à se détruire, à dominer leurs rivales ; l'Humanité fut sans cesse soumise à un état de compétition meurtrier. Ne serait-il pas tant de passer à l'étape de la coopération pacifique ? Ne pourrait-on pas imaginer pour une oeuvre aussi symbolique, qui porte en elle les espérances de tous les hommes, qui transcende tous les clivages qu'ils soient politiques, ethniques, nationaux, culturels, religieux, une union de tous les hommes, main dans la main ?

Effectivement on pourrait facilement imaginer une vaste coopération internationale, une grande union de tous les pays du monde oeuvrant vers le même objectif. L'Humanité au grand complet concentrant ses savoirs, ses compétences diverses, sa volonté, son énergie, mais aussi son argent dans un but commun, et non plus dans dans quelques égoïsmes narcissiques. Evidemment dans le cadre d'une telle union, tout à chacun contribuerait à son échelle, selon ses propres moyens, mais tout le monde apporterait sa pierre à l'édifice. On ne peut négliger une telle charge symbolique, pour la première fois dans l'histoire de l'Humanité un objectif pourrait fédérer tous les hommes ; canaliser les énergies vers un but véritablement positif qui permettrait d'exorciser les tensions internes.

J'aimerai dire que c'est un beau rêve, mais malheureusement non. Ce genre de foutaises ne peuvent que germer dans l'esprit d'hommes malades, qui cultivent avec acharnement la haine de soi, qu'ils ont troqués à tout forme de fierté, à part celle de leur propre destruction. Et qui ont fait un dogme de tout ce qui dégage l'idée de "multi"tude, multipolaire, multiculturel, multiprise, qui leur permet de se fondre dans un brouet leur rappelant le moins possible ce qu'ils sont.

Interrogeons-nous sur ce qui motive les hommes à entreprendre de si grandes aventures, à dépenser tant en ressources humaines et financières, à tendre leur volonté et leur énergie. Non, ce n'est pas simplement par soucis de faire avancer la recherche scientifique et l'étendue de nos connaissances sur l'univers, pas plus que l'idée de faire progresser gracieusement l'espèce humaine.

Rappelons-nous du jour où l'Homme, ou plus précisément l'homo americanus a marché sur la lune, il n'a pas déployé le drapeau onusien, celui de la communauté internationale, mais la bannière étoilée. Les américains n'ont pourtant pas négligés dans le même temps de revendiquer cette victoire comme étant celle de l'Humanité, on se souvient de ce mot resté à la postérité : "Un petit pas pour l'homme, un grand pas pour l'Humanité" qui avait été minutieusement composé à l'avance. Le message dégagé se veut une exaltation de l'Amérique et de sa réussite, qu'elle porte à travers elle pour toute l'Humanité ; vanité suprême.

D'ailleurs si nous examinons la période où la conquête spatiale a accompli ses plus grandes avancées, c'est-à-dire entre 1957 et la mise sur orbite de Spounik et le début des années 1970, avec l'année 1969 qui marque la conquête de l'astre lunaire, et l'apothéose de cette aventure spatiale, on ne peut en conclure qu'une chose, la rivalité est plus facteur de progrès techniques, et de développement de nos capacités qu'une entente qui se veut cordiale. Le moins que l'on puisse dire c'est que ces années d'intenses progrès furent loin d'être pacifiques, elles furent au contraire le point culminant de la guerre froide. La conquête spatiale devint le symbole de la lutte entre l'Union soviétique et les Etats-Unis, chacun voulant démontrer par ce moyen de prestige la supériorité de son modèle sur son rival. Ce qui donna lieu à un déployement de force assez disproportionné, dont l'enjeu était plus que jamais terrestre et politique, ce qui dans un contexte apaisé n'aurait jamais pû avoir lieu. Cette période d'émulation pris fin, par l'éclatante victoire américaine, l'Union soviétique échouant dans ses tentatives d'envoyer des sondes robotisées sur la lune. L'envoi d'hommes sur la lune se trouvant hors de sa portée, elle se rabattit sur le programme MIR, et les américains sur le projet de navette spatiale. Plus aucune avancée significatif n'eut lieu dans le domaine de l'exploration spatiale humaine, les budgets étant décidément trop démeusurés au vu de la réalité des nouveaux enjeux furent revus drastiquement à la baisse.

Ce fut le même esprit qui domina au Moyen-Age lors de la construction des cathédrales, en même temps qu'on affirmait sa foi, on faisait démonstration de l'opulence et de l'importance de sa ville qui envoyait par ce biais un message à ses rivales. Ce climat était propice à une véritable compétition, où l'exploit technique était recherché, ce qui permit de s'affranchir dans un élan de prospérité retrouvée des règles architecturales alors de mises, et de développer de nouvelles techniques pour donner la plus grande élévation possible à ces édifices, qui devaient absolument surclasser les précédents. Les cathédrales étaient à la fois sujet d'admiration, de prestige, de gloire et symbole de puissance pour ses constructeurs. On parle aussi dans le même registre d'esprit de clocher.

Ce qui fait le sens d'un engagement ce n'est pas seulement la réussite d'un projet qui se veut important, c'est aussi et surtout la victoire que cette réussite procure. Une victoire de l'Humanité est trop abstraite, elle n'a pas de visage, elle est impersonnelle ; personne ne se reconnait, c'est-à-dire s'identifie avec l'Organisation des Nations Unies. Pour qu'une victoire suscite l'intérêt, pour qu'elle soulève l'enthousiasme elle doit s'exercer contre quelque chose et surtout contre quelqu'un, ce doit être une affirmation de puissance. Il n'y a réellement rien d'exaltant à ce que plus de 200 pays, ensemble, permettent à l'Homme d'aller sur Mars. En réalité en raison des limitations techniques, seuls quelques hommes, sans doute de la nationalité des plus gros contributeurs, pourraient faire ce voyage, mais ce serait une bien piètre consolation. Imaginer le contraire, c'est comme imaginer un jeu où quelque soit les performances et les mérites des candidats, à la fin tout le monde serait désigné vainqueur, cela revient à dire qu'il n'y a ni vaincus ni vainqueurs, donc aucun intérêt ; la beauté du jeu ne pouvant pas combler le déficit d'enjeu. Une victoire n'est bonne que quand elle permet au vainqueur de démontrer sa supériorité sur ses adversaires.

Prenons un exemple, celui d'un alpiniste, il grimpe parce qu'il aime ce sport, la montagne, le sentiment de liberté ainsi que le danger omniprésent, l'ivresse des cimes, mais il grimpe aussi pour le sentiment de puissance que lui procure le fait de vaincre la montagne, de surmonter les difficultés tendues sur son chemin. Et plus ces difficultés seront nombreuses, plus l'exploit sera difficile à accomplir, meilleure sera la victoire. La victoire s'exerce bien entendu sur les éléments, ainsi que sur soi même pour avoir le sentiment de se surpasser, mais pas seulement, elle se fait aussi, et peut-être surtout sur les autres, sur les absents, sur tous ces hommes qui n'ont pas pû, qui ne peuvent pas, et qui ne pourront pas reproduire cette action. Personne ne se félicitera d'avoir gravit une colline que tout à chacun gravit régulièrement, il n'y a là aucun exploit, la victoire prend toute sa dimension dans la rareté, sinon dans l'unicité, dans la démonstration de ses performances qui se doivent d'être inatteignables. De même qu'aujourd'hui l'ascension du Mont-Blanc ou de l'Everest a perdu de son aura, du fait de la massification des alpinistes qui l'accomplissent.

Vient alors la grande question restée sans réponse : qu'est-ce donc que l'évergétisme ? Et plus encore, quel est le rapport avec la conquête martienne ?

L'évergétisme était une pratique qui avait cours dans l'Antiquité, à l'époque héllénistique et romaine. A une époque où l'imposition telle qu'on la connait aujourd'hui n'existait pas ; les revenus de la Cité n'étaient pas issus des contributions obligatoires qu'on aurait fait peser sur les citoyens la composant, ce qui aurait été perçu comme la pire marque de despotisme, mais de l'exploitation des terres, des mines... que possèdait la cité en son nom propre, et qu'elle mettait en valeur comme un agent économique, comme un individu qui doit lui même subvenir à ses besoins. D'autres revenus étaient apportés par les tribus des cités soumises qui devaient payer le prix de leur sujétion d'où l'intérêt d'une politique expansionniste, les citoyens qui enfreignaient la loi pouvaient être soumis à des amendes, ces sources de revenus étant complétées par la procédure de la leitourgia, où les citoyens fortunés supportaient les dépenses publiques sur leurs cassettes personnelles à tour de rôle. Exceptionnellement, par exemple en cas de guerre des impôts pouvent être votés annuellement, ceux-ci étant toujours temporaires.
Vous aurez compris que dans ces sociétés ce sont les riches qui exercent le pouvoir, ceux qui ont les moyens d'user de financement privé au profit de la communauté. Une forte pression sociale s'exerçait donc sur ces riches, largement acceptée par eux-mêmes, afin qu'ils fassent bénéficier le corps social tout entier de leur fortune. La hiérarchie sociale, la richesse, et le pouvoir des notables n'étaient pas contestés, étant entendu que ces derniers devaient faire preuve de générosité et faire participer la cité et/ou leurs partisans à leur fortune. Les évergésies étaient des dons que ces notables faisaient à la communauté (spectacles, banquets, distributions, construction d'édifices publics...), soit librement hors de toutes contraintes, pour se mettre en valeur, soit offertes à l'occasion de leur élection à un honneur public, c'est-à-dire à une magistrature qui était des charges politiques qui donnaient accès au gouvernement de la cité, dans ce cadre l'évergétisme était légalement et moralement obligatoire. Mais les notables pour montrer leur magnificience dépassaient fréquemment le montant des sommes fixées.

Pour la conquête martienne, c'est le même principe qui domine. Personne n'aime payer ses impôts, on a d'ailleurs fortement tendance à frauder si cela est possible pour payer moins qu'on devrait, car l'impôt consiste à prendre autoritairement de l'argent à des individus, à le placer anonymement dans une ou plusieurs grandes caisses, dont l'attribution budgétaire dépendra des dirigeants politiques qui ont la charge du budget de l'Etat. Personne ne peut décider à quoi serviront exactement ses contributions obligatoires, on peut tout au plus espérer un peu naïvement que cet argent servira à construire des routes, des écoles, des hôpitaux, enfin des choses utiles.

Dans l'évergétisme rien de tel, c'est une action volontaire, le don émane de la volonté du notable qui peut ainsi affirmer son statut social. L'obligation n'est que formelle dans une certaine partie, le notable souhaitant avoir accès aux magistratures municipales doit montrer sa générosité, faire la démonstration de son "désintéressement", utiliser sa fortune dans l'intérêt général de la communauté. Entre ces notables se met en place une véritable compétition, poussant chacun à faire étalage de sa richesse, à dépenser plus que ces rivaux, pour acquérir plus de respectabilité, agrandir la masse de leurs partisans, citoyens qui continuent d'élire les magistrats sous un suffrage censitaire. Pour le notable plus que le rôle politique de ses évergésies, celles-ci lui permettaient de marquer l'urbanisme de sa cité, d'inscrire son nom dans le patrimoine architecturale qu'il laisse à la postérité, d'honorer sa famille et ses illustres ancêtres. Contrairement à l'impôt où les fonds sont administrés par autrui sans qu'on est aucun contrôle sur eux, là c'est lui qui décide de leur application, il peut ainsi agir à sa guise et offrir ce qu'il souhaite à la cité, même si sa contribution de prestige ne répond pas nécessairement aux besoins les plus urgents, au contraire il privilégie la magnifience. Dans un tel contexte les sacrifices consentis paraissent bien moindres, surtout que d'eux dépendent sa carrière politique. C'est pourquoi ces villes de l'antiquité se couvrent de temples, de portiques, de basiliques, de cirques, d'amphithéâtres, de stades, de bibliothèques, de colonnes, de statues et d'ex-voto...

Ce qu'il faut bien voir c'est qu'un voyage habité jusqu'à Mars demande la mise en oeuvre de moyens humains et financiers assez colossaux, un engagement politique long et durable. Ce qui signifie des sacrifices budgétaires, des privations, parce que les fonds investis dans un tel programme ne le seront pas ailleurs, tout cela pèse sur la communauté. Pour qu'elle accepte une participation aussi lourde, il faut que quelque part sous une forme ou une autre elle trouve une contrepartie qui justifie les privations qu'elle endure.

Une communauté ne peut que rechigner à l'idée de faire des efforts importants dont les gains qu'ils soient financiers, politiques et dans le cas qui nous occupe moraux ne lui reviendraient pas directement, mais se perdraient dans les dédales de la redistribution de parcelles de gloire. On ressent une fierté à être le peuple (et le seul) qui a envoyé un homme sur la lune, la gloire de la communauté rejaillit sur chacun de ses membres, parce que ces membres se reconnaissent dans la communauté dans laquelle ils vivent, ils trouvent son existence légitime. Un tel projet qui exalte la grandeur nationale en même temps qu'il flatte leur égo, ne peut que les enthousiasmer en même temps qu'on s'identifie à lui, de la même façon qu'une grande victoire sportive déclenche l'allégresse. Il ne faut pas négliger les gratifications morales dans l'attachement que l'on a pour son pays ou sa nation, qui devient alors un prolongement de soi même. On se souvient par exemple de Neil Amstrong paradant en cortège que les rues de New-York à bord d'une décapotable sous la liesse populaire après la réussite de la mission Apollo. Quand on est seulement un contributeur parmis tant d'autres qui a participé anonymement à l'accomplissement d'une oeuvre dans un cadre flou, on ne ressent pas ce niveau d'implication, et on tente de s'extraire de ses obligations, ou on s'en acquitte en trainant les pieds.

De la même façon que ces notables de l'antiquité, une population en vie est prête à s'investir dans une grande oeuvre qui symbolise sa réussite, et qui constitue une affirmation de sa puissance, et pour cela elle n'hésitera pas à déployer de vastes ressources. Etre les seuls à effleurer le rêve de toute l'Humanité est un excellent moyen de se mettre en valeur. Par contre comme ces riches français qui préfèrent s'expatrier vers des cieux à la fiscalité plus clémente, lorsque les prélèvements de richesse ne rejaillissent pas sur ses propriétaires, lorsque que cet argent est noyé dans la masse anonyme, et qu'on ne tire aucun honneur et peu d'avantage de sa contribution, on a tendance à rejeter un fardeau pesant qu'on juge inutile, ou tout simplement à ne pas l'accepter. La conquête spatiale comme bien des entreprises humaines ne peut que être l'oeuvre d'une partie de cette humanité, qui implicitement exercera sa domination symbolique sur l'autre partie ; ce qui ne manquera pas de créer de nouvelles tensions et de nouveaux affrontements. Voilà pourquoi un tel projet de conquête spatiale liant l'ensemble de l'humanité n'est pas concevable, il manquera toujours une extériorité humaine, un autrui sur qui exercer sa victoire pour qu'elle en vaille la peine.


- Vae Victis

mardi, septembre 20, 2005

Va cracher dans ton coin

La mucoviscidose. Vous savez, c'est cette maladie dont on est regulièrement informés par la voie des grandes messes télévisées de la solidarité appelées Virades de l'Espoir que la recherche d'un traitement progresse. Cette maladie développe entre autre comme charmant symptome l'encombrement des voies respiratoires du malade par du mucus, ce qui l'empêche d'avoir une respiration normale, les bronchites à répétition dont il est atteint détruisent au fur et à mesure ses poumons. Le patient dans un cas sur deux meurt avant 30 ans.

En ce moment un spot télé est diffusé montrant une petite fille toute mignonne, les yeux écarquillés, fêtant son anniversaire (qui sait peut-être son dernier), entourée de parents et d'amis, elle se tient devant son gateau, et essaye à plusieurs reprises de souffler sur les bougies pour les éteindre. En pure perte car malheureusement elle manque de souffle, ce qui devait être un moment de joie devient une manifestation de sa maladie. Je vous ferai grâce du message ensuite relayé avec conviction vous incitant à faire un chèque pour l'aider. Il y a de quoi vous fendre le coeur.

Mais faites-vous violence, il faut absolument résister à ces jérémiades gauchisantes, qui n'ont pour seul but que de vous dévoyer. En toute chose gardez à l'esprit que vous êtes un capitaliste. Vous voulez faire une bonne action déductible de vos impots ? Vous ne craignez pas les Crozemaries ? Très bien, mais pensez avant tout investissements. La mucoviscidose est une maladie génétique rare. Si vous n'êtes pas atteint vous ne le serez jamais, et même si vous voulez avoir des gosses, pensez que seulement un nouveau-né sur 3 500 en France est touché par cette affection, n'ayez donc aucune crainte pour vos futurs enfants.

Faire un don pour une bonne cause est une chose, gaspiller votre argent en pure perte sans espoir de retour sur investissement en est une autre. Pour marier l'utile à l'agréable donnez pour la recherche sur le cancer. Si vous vivez suffisamment longtemps, vous avez toutes les chances du monde d'être confronté un jour au l'autre à cette maladie. Pensez qu'en investissant aujourd'hui vous pourrez dans quelques décennies gagner quelques années de vie supplémentaires, ce qui n'est pas négligeable.

Etre capitaliste c'est être raisonnable.


- Vae Victis

dimanche, septembre 18, 2005

Louisiane: après l'échec de l'Etat, le privé prend le relais

AFP 13.09.05 | 20h21

La Gouverneure de l'Etat de Louisiane Kathleen Blanco a annoncé mardi qu'elle allait engager une société privée pour récupérer les cadavres laissés par le cyclone Katrina, accusant le gouvernement fédéral américain de ne pas travailler assez vite dans ce domaine.

"Personne, même ceux au plus haut niveau, ne semble capable de passer outre les freins de la bureaucratie", a-t-elle dit, "je suis en colère et outragée par cette situation", a-t-elle ajouté lors d'un point presse à Baton Rouge, la capitale administrative de la Louisiane (sud).

Elle a dit qu'elle était intervenue auprès des autorités fédérales, y compris le secrétaire à la sécurité intérieure Michael Chertoff, pour passer un contrat avec Kenyon International, une société de gestion des catastrophes basée au Texas, qui travaille actuellement sans contrat après avoir été engagée par la Fema (Agence fédérale de gestion des crises).

Mme Blanco a précisé que M. Chertoff lui avait assurée, il y a une semaine, qu'un système de récupération des cadavres était en place, mais la société Kenyon a annoncé lundi qu'elle se retirerait si la question du contrat n'était pas résolue.

La Gouverneure a indiqué que la Louisiane engagerait directement la société.

"Dans la mort comme dans la vie, notre population mérite plus que ce qu'elle a obtenue", a-t-elle déclaré, "Je ne peux pas supporter d'attendre plus longtemps".

Après s'être concentré sur la recherche des survivants de la catastrophe, les sauveteurs se sont préoccupés de récupérer les cadavres dans les eaux sales. Jusqu'à présent, 279 corps ont été récupérés en Louisiane.

A La Nouvelle-Orléans, le niveau des eaux continuait de baisser mardi dans les rues inondées, laissant apparaître un paysage de désolation, a constaté un journaliste de l'AFP.

Au fur et à mesure que l'eau se retire, des équipes de secouristes vont de maison en maison à la recherche des corps. Chaque maison visitée est marquée d'un signe orange. Selon des responsables au moins 160.000 maisons devront être détruites.

Une odeur pestilentielle flottait parmi les ruines et les carcasses de voitures d'un quartier encore partiellement inondé du centre. Des cadavres d'animaux flottent à la surface des eaux sales.


Besoin d'en dire plus?

source: Le Monde.fr

- Lafronde

Irlande: les premières failles du fascisme sanitaire


En mars 2004, une nouvelle loi anti-tabac entre en vigueur en Irlande: l'interdiction totale de fumer dans les lieux publics. La première semaine d'août 2005, les premiers résultats de cette politique apparaissent. Les ventes d'alcool et la fréquentation des pubs et bars ne semblent pas avoir souffert de cette interdiction, la Fondation irlandaise de Cardiologie affirme même que "l’on enregistre une amélioration de la santé des personnes atteintes de pathologies pulmonaires chroniques" et que "le nombre de personnes admises dans les hôpitaux a considérablement diminué".

Quant à la face cachée de cette nouvelle croisade des fascistes du bien-être, les médias n'en font pas leurs choux gras. Il y aurait pourtant bien à dire sur le sujet.

Ainsi, selon
le Conseil du Compté de Limerick, 67% des déchets qui salissent les trottoirs irlandais sont des paquets de cigarettes, des mégots, des emballages, etc. Une responsable de l’éducation à la protection de l’environnement, Pauline McDonagh, déclare: "cela peut prendre jusqu’à cinq ans pour qu’un mégot de cigarette se décompose intégralement". Quant à la consommation des jeunes, une récente étude (The Health Behaviour in School-Aged Children Study, qui s’inscrit dans le cadre de la campagne "A l’aide, Pour une vie sans tabac" HELP - For a Life without Tobacco) livre les chiffres suivants: 19% des enfants irlandais en âge d'être scolarisés sont fumeurs et 41% des 11/17 ans ont admis avoir essayé de fumer des cigarettes. Le CNCT (comité national contre le tabagisme) affirme à ce sujet "qu’il existe une dramatique progression du nombre de jeunes gens, âgés entre 11 et 15 ans, qui essaient de fumer".

Catastrophe écologique d'un côté et résistance des jeunes fumeurs de l'autre, on parle bien souvent des "externalités négatives" de la consommation de tabac, pourquoi ne parlerait-on pas des "externalités négatives" du fascisme sanitaire anti-tabac?

source: cnct.org
solidarité irlande

A lire: Le droit de propriété est la solution au problème du tabagisme passif
(Lafronde's Blog)

- Lafronde

mercredi, septembre 14, 2005

Le nucléaire au service des terroristes


S'il y a bien une menace dont le gouvernement américain et la majeure partie des gens ne semblent pas suffisement se soucier, c'est bien la menace nucléaire que le terrorisme fait planer au dessus de nos têtes. Le danger vient de l'ex-Union Soviétique dont l'arsenal militaire n'est guère sécurisé de manière optimale.

Chaque année, 1000 armes nucléaires parcourent les chemins de fer russes. L'immensité du territoire russe rend très difficile le maintien de l'ordre et de la sécurité sur le réseau ferroviaire. Vladimir Orlov, analyste stratégique, déclare:
Je ne garantirai pas à 100% que l'on puisse échapper à un scénario hollywoodien tel que le vol d'armes atomiques pendant leur transport.
Sam Nunn, sénateur américain, déclare au sujet du matériel nucléaire en Russie qu'il faudrait que les Etats-Unis dépensent 3 milliards de dollars par an pendant au moins 10 ans, soit 30 milliards de dollars, pour le sécuriser entièrement. Actuellement, les Etats-Unis ne dépensent qu'1 milliard seulement.

Officiellement, il y a 75 tonnes de plutonium et 600 tonnes d'uranium enrichi sur le territoire russe, à ceci l'on doit rajouter la présence de plus de 30 000 armes. Toujours officiellement, aucune arme nucléaire n'a été volée en Russie et les centrales sont protégées. Mensonge. Un député russe à fait l'expérience de s'introduire sur un site atomique où sont entreposés des stocks de plutonium et d'uranium enrichi. C'est à peine si une voiture de vigiles est passée à côté de lui et de son équipe sans même prendre la peine de contrôler leurs indentités. Le député raconte:
Ils ont dû nous prendre pour des badauds habitant aux alentours.
Sans commentaire.

Selon une équipe de chercheurs de l'Université de Stanford, il y a eu, entre 1991 et 2001, 870 affaires en Russie liées au nucléaire, 850 d'entre elles sont de l'ordre du traffic illicite (vols ou saisies). Quand l'on sait qu'il ne suffit que quelques kilos d'uranium enrichi ou de plutonium pour fabriquer une arme nucléaire... cela fait froid dans le dos. D'autant plus qu'Al-Quaïda, selon Jean-Claude Brisard, a largement les moyens financiers de provoquer moult "11 septembre" nucléaires à l'échelle planétaire étant donné que son patrimoine global est estimé à 5 milliards de dollars. Quant aux bombes sales, très intéressantes pour les terroristes du fait de leur facilité de confection et de leur bas coût, elles représentent un danger bien supérieur à la simple explosion dans un quartier d'une grande ville du monde mais, au delà de ça, rejètent des éléments radioactifs pouvant provoquer des maladies secondaires dues à l'exposition et l'inhalation de ses éléments (risques de cancers) et la contamination d'une zone géographique plus ou moins grande (l'activité économique s'en trouve réduite, voire détruite sur la zone, pour plusieurs années).

Il existe une véritable entraide entre rebelles tchétchènes, fondamentalistes islamiques d'Arabie Saoudite ou d'ailleurs et d'Al Quaïda. Voila un cocktail des plus détonnants si j'ose dire. Ces groupes armés, liés les luns aux autres, interagissent sur un véritable marché souterrain du nucléaire dont on a même pas idée, les médias ont focalisé leur attention sur la figure de Ben Laden et les théocraties musulmanes en délaissant totalement ce sujet dont la gravité mériterait pourtant une couverture médiatique digne de ce nom.

Les terroristes, en partie à cause du manque de sécurité des sites nucléaires de l'ex-Union Soviétique, ont les moyens financiers et techniques de s'approprier des stocks de matériaux nucléaires en vue de fabriquer une arme atomique pouvant servir à commettre des attentats dont l'intensité et les dangers sont très durables dans le temps. Ce danger ne doit pas occulté.

source: documentaire Terrorisme, la menace nucléaire de Richard Puech (2002) - France3 (diffusé le 6 septembre à 23h05)
- Lafronde

mardi, septembre 06, 2005

De l'exploitation des crises humanitaires, et du dilemme des gouvernants

Il est toujours difficile pour un pays touché par une crise réelle ou supposée telle, comme une famine, des troubles intérieurs, des catastrophes naturelles : raz de marée, tremblement de terre, ouragan, incendie de forêt... de réagir face à l'extérieur de manière appropriée. Il s'offre à ce pays deux opportunités, ce qui ressemble à un véritable dilemme, soit accepter l'aide internationale que la communauté éponyme ne manquera généralement pas de proposer, soit en connaissance de cause refuser cette aide. De toute façon quelque soit l'alternative choisie, dans les deux cas c'est jouer perdant, perdant. En cas d'acceptation de cette aide internationale, le pays touché fera démonstration de sa faiblesse, qu'il est incapable de répondre par lui même aux besoins de sa population, qu'il est débordé, et qu'une aide extérieure d'urgence s'impose pour lui venir en aide ; interprétation qui peut être légèrement problèmatique quand on est par exemple la première puissance mondiale, et qu'on tente de maintenir son leadership et son prestige. Il reste toujours la possibilité à ce pays, de refuser cette aide internationale, peut-être même souvent n'en a-t-il pas réellement besoin, celle-ci se révélant peu appropriée et superflue. Oui c'est une possibilité, mais dans ce cas il s'expose à subir les reproches voire plus de la communauté internationale dans son ensemble, et des pays qui lui sont déjà hostiles en particulier qui profiteront de l'occasion. On ne manquera pas de mettre en parallèle les souffrances des victimes, des populations démunies, la désorganisation des secours qui est inhérente aux catastrophes imprévues de plus ou moins grande ampleur, et le refus de l'aide internationale, comme si celle-ci la plupart du temps aurait changer quelque chose. Mais la question n'est pas là, nous sommes déjà dans la récupération politique mêlée à une atmosphère d'humanisme huileux, avec comme motifs d'indignation le désespoir de ces gens qui seraient abandonnés à eux-mêmes, le gouvernement du pays unanimement vilipendé se retrouve taxés de tous les maux ; par égoïsme, peur de perdre la face en avouant son incompétence, par nationalisme mal placé, celui-ci préfèrerait laisser souffrir sa population. Il faut bien admettre que ces temps-ci il ne fait pas bon que d'être la cible d'attaques droit-de-l'hommiste, devenir en quelques instants l'ennemi qui empêche de se mettre en place une ère de solidarité et d'amour universel, bloquant la oh combien salvatrice ingérence humanitaire. Saint-Kouchner priez pour nous. C'est pourquoi il est généralement plus prudent de mettre son amour propre de côté, et d'accepter les tentes, les couvertures, les vivres, les sacs de riz, et les humanitaires encombrants, quelque soit l'usage qu'on compte en faire et l'utilité de tout ce bric à brac.

Citons quelques exemples qui ont ces dernières années marqués l'actualité mondiale :

En 2002 une famine était censée menacer la Zambie, les agences de l'ONU prévoyaient déjà des millions de morts, en réalité cette famine effroyable n'était rien de plus qu'une disette localisée, que les autorités nationales étaient tout à fait capable de résorber, ce qu'elles firent d'ailleurs par la suite avec succès d'elles mêmes. Mais le mal était fait, l'aide internationale étant en branle, les journalistes en mal d'enfants squelettiques arpentaient déjà le pays, les humanitaires débordant de solidarité pan-africaine ne demandaient qu'à suivre. Le gouvernement zambien pour ne pas déséquilibrer ses marchés agricoles par l'arrivée massive d'une aide alimentaire gratuite, risquant de mettre en faillite de nombreux agriculteurs, pris la décision controversée de repousser les propositions américaines, généreuses autant qu'intéressées. L'humanitarisme étant une attitude tellement établie dans les esprits, que le gouvernement ne pris pas le risque d'exposer ses véritables inquiétudes, et argua pour se justifier, et plaire aux européens qu'il refusait les céréales américaines parce qu'elles contenaient des OGM, ce qui pourrait nuire à la santé de la population. La Zambie fut alors alors prise à partie de manière très virulente en particulier par les autorités américaines, celles-ci allant jusqu'à la menacer. L’ambassadeur des États-Unis en Zambie n'hésita pas à déclarer avec la dignité qui lui est échu, de cette voix qui porte en soi la responsabilité du monde : "Les dirigeants qui refusent à leur peuple l’accès à l'aide alimentaire doivent être poursuivis pour les crimes contre l’humanité les plus graves." Le tribunal de Nuremberg n'était pas loin.

Fin 2004 c'était au tour de l'Inde frappée par le tsunami de subir une campagne de dénigrement, après avoir refusée l'aide que presque tous les autres pays du Sud-Est asiatique avaient acceptés. Malgré le choc initial, l'Inde pays à l'échelle d'un sous-continent, de par sa profondeur géographique pû surmonter par ses seuls moyens cette épreuve ; les destructions s'étendant seulement sur quelques centaines de mètres ou quelques kilomètres à l'intérieur des terres selon la topographie du terrain sur la côte Est du pays, ce qui présentait il est vrai une double difficulté, de fortes densités de population, et des zones littorales jouant un rôle vital pour les économies locales et nationales. Mais une fois les moyens transférés et une organisation mise sur pied, le gouvernement s'en tira de façon honorable, une intervention extérieure disparate et bien souvent inappropriée n'aurait de toute façon pas améliorer la qualité des secours. Les médias et les professionnels de l'humanitaire toujours à l'affût de chair fraîche ne manquèrent pas de pousser des cris d'offraies, et d'instrumentaliser les victimes, reprochant son irresponsabilité au gouvernement indien, qui sacrifiait sur l'autel de ses ambitions régionales le sort des malheureux. Foutaise, mais il ne fait pas bon s'élever contre la machine humanitaire, qui a pour elle le "monopole du coeur".

Et pour finir le type même du pays qu'il ne pensait sans doute jamais se retrouver en situation d'avoir recours à l'aide internationale, d'avoir à déplacer et héberger autant de réfugiers, de se retrouver ainsi débordé tel un pays du Tiers-monde. Pourtant avec une ville d'un million et demi d'habitants submergée par les eaux, auquel s'ajoute une bande côtière s'étendant de la Floride à la Louisiane ravagée, les Etats-Unis furent la victime totalement inattendue de cette rentrée. Les Etats-Unis ont il est vrai bien plus l'habitude d'aller secourir des population menacées au quatre coins du globe, que d'être eux mêmes secourus. Une fois n'est pas coutume, la solidarité internationale joua cette fois en leur faveur, bien que le seul réel besoin exprimé par l'Administration Bush fut celui de l'approvisionnement pétrolier, les installations du golfe du Mexique assurant 15% de la consommation américaine étant inutilisables pour le moment. Mais le gouvernement déjà fragilisé pour sa gestion de la crise, opta pour la solution susceptible de faire le moins de vague possible, Condie annonça que les Etats-Unis accepteraient toute aide, d'où qu'elle vienne. Il semble pourtant que cette annonce fut contrariée à deux reprises, celles de Cuba et du Vénézuela un rien provocatrices restèrent lettre morte. Les offres d'aide venant du monde entier ont affluées, la France a mis à la disposition des Etats-Unis notamment huit avions, deux navires, 600 tentes et 1.000 lits de camp. L'Union européenne a renouvelé ses propositions d'aide, y compris en puisant si nécessaire dans ses réserves pétrolières. Le Japon pays de tolérance et générosité, tout en restant digne s'est engagé à offrir 55 millions de yens aux régions touchées par le cyclone Katrina. Ect...
Sur la scène internationale, et tout particulièrement en France on ne manqua pas d'interpréter la situation de la Nouvelle-Orléans et l'acceptation de l'aide comme le symbole de l'Amérique, ce "géant aux pieds d'argile", qui à la moindre difficulté plonge dans l'anarchie, démonstration de l'échec de son système social, de cette Amérique raciste, délaissant ses pauvres, noirs, abandonnés par l'Etat américain. Les Etats-Unis victimes à leur tour du réchauffement climatique qui dévaste déjà le reste de la planète ; pays fracturé qui n'a que l'apparence de la puissance, qui gaspille ses maigres forces en Irak. Dans bien des cas les commentaires furent l'expression d'une haine anti-américaine, n'offrant que peu retenue après les deux premiers jours de surprise. N'imaginons même pas ce qu'il serait arrivé, et à quels extrêmes nous serions arrivés dans l'exploitation hystérique et démagogique de ce désastre si l'Aministration Bush avait refusé l'aide étrangère, ce refus devenant directement responsable de la situation de la ville et de ses habitants, le nationaliste va-t-en guerre Bush assoiffant, affamant, noyant, tuant, pillant lui même la population, au lieu de chercher à la sauver.

Pour conclure beaucoup de pathos, et bien peu de logos...
- Vae Victis

vendredi, septembre 02, 2005

Mon épicier explique la démographie

Récemment en abordant le sujet sensible pour ne pas dire tabou de la démographie, de l'immigration et des changements de population que cela induit avec un camarade de forum, on en est venu à parler de son épicier maghrébin, homme besogneux, ne craignant pas au contraire de beaucoup de ses contemporains de travailler durement, celui-ci ouvrant son épicerie tous les jours de la semaine de 7h00 à 22h00 sans interruption, ne fermant que rarement son magasin même en période de fête. Il est toujours agréable et souriant, pour résumer il est bon commerçant. Il est marié, on peut sans doute dire de lui qu'il est bon père de famille, il a toujours veillé à l'éducation de ses quatre enfants, dont trois ont faits des études supérieures, pour lui le travail et la réussite sociale sont des valeurs importantes, et il a donc pris soin à ce que ses enfants ne manquent de rien pour mettre toutes les chances de leur côté.

Il paye ses impôts, enfin comme beaucoup de français il fraude un peu, mais cela ne fait pas de lui un homme malhonnête, il considère simplement que le fruit de son travail doit lui revenir, et que les impôts sont trop élevés. On aurait mauvais jeu de lui en vouloir de penser ainsi.

Il est musulman, il a une foi sincère, cela ne fait pas lui un extrémiste, un de ces dangereux islamistes prônant un régime islamique, non, mais il est homme à être touché par les choses de la religion, et il aime à se voir comme un bon croyant ; il aimerait d'ailleurs aller plus souvent à la mosquée, mais ses longues heures de travail l'en empêche. Il se sent aussi peiner qu'aujourd'hui on associe l'islam au terrorisme, lui comme la majorité des maghrébins ou français d'origine maghrébine ne demande qu'à vivre en paix, sans être pris à parti pour ses croyances religieuses. Il a de même été contrarié par le caractère oppressif de l'interdiction du voile dans les établissements scolaires, et ressent cela comme une atteinte à l'islam et plus largement contre la liberté religieuse.

Il aime à s'informer de l'actualité du monde arabe, à être à l'écoute des débats qui l'agite, et à profiter d'un point de vue non occidental, d'une analyse de l'information passablement différente des chaînes françaises ; les chaînes satellitaires lui rendent se service. Il se sent naturellement proche, en quelque sorte solidaire, de ce monde arabe de par sa culture et sa religion, la guerre en Irak lui a par exemple semblé une agression inadmissible contre un pays arabe et musulman qui ne menaçait aucunement la paix, et il ne croit globalement pas aux bonnes intentions des américains. Il s'identifie de même facilement aux palestiniens et à leurs revendications dans le conflit proche-oriental, il aimerait que les palestiniens puissent aussi avoir leur Etat, avec des frontières sûres, qu'il soient libres et indépendants, il juge souvent sévèrement les politiques israéliennes et les israéliens eux mêmes.

Il aime aussi à ne pas se couper de ses racines, de son Algérie natale qu'il a quitté il y a plus de 30 ans avec une pointe d'amertume pour venir en France, non pas avec de mauvaises intentions, mais pour pouvoir mener une vie meilleure pour lui et sa famille, espérant en immigrant et en travaillant dur pouvoir se mettre à l'abri du besoin, les opportunités se faisant rares en Algérie. C'est pourquoi tous les ans, il passait un mois en Algérie avec ses enfants quand ceux-ci étaient plus jeunes, pour garder un lien avec la famille, mais aussi avec le pays, avec qui il entretient une certaine nostalgie. Il pense que c'est une bonne chose que ses enfants sachent d'où ils viennent, qu'elle est leur histoire, qu'elles sont leurs traditions, ce qui fait d'eux ce qu'ils sont. Qu'ils n'aient pas honte d'où ils viennent, il pense même qu'ils peuvent en être fiers.

Notre épicier est donc quelqu'un de tout à fait respectable, en tout cas pour ma part je ne vois rien de significatif à lui reprocher, même si je ne partage pas ses vues politiques. Alors d'où vient le problème ?

Le problème ne vient pas de notre épicier, du fait qu'on l'apprécie ou pas, ou qu'il soit charmant ou pas ; le problème provient de la multitude, des millions d'individus qui tout comme lui partagent un héritage culturel qui n'est ni français ni européen, et qu'ils comptent bien préserver, conserver. Après tout c'est leur droit le plus strict, tout à chacun à le droit d'être ce qu'il a envie d'être, mais cela crée une situation ou deux cultures majeures cohabient tant bien que mal sur un même territoire. Elie Barnavi (entre autre ancien ambassadeur d'Israël en France) en parlant du conflit israélo-palestien aime rappeler que ce sont deux droits qui s'opposent, c'est à dire le droit des palestiniens et le droits des israéliens à habiter sur la même terre ; à terme nous pourrions nous retrouver dans une telle situation. Il n'est d'ailleurs pas içi question de juger de ces cultures, mais simplement de faire remarquer qu'on assiste à un changement de population ce qui implique que les références culturelles changent, d'une société judéo-chrétienne d'héritage gréco-romain, nous sommes passé à une société double auquelle s'ajoute la culture islamique, si cela se poursuit les transformations n'en deviendront que plus visibles.

Il faut bien admettre que c'est un sujet particulièrement difficile à discuter, les accusations les plus répugnantes ne sont jamais loin, les garants du politiquement correct veillent à tous les étages. On ne serait selon eux parler d'immigration, de démographie sans voir les maghrébins ou les français d'origine maghrébine comme des voleurs, des délinquants, des terroristes, des djihadistes en puissance. En vérité des gens foncièrement malhonnêtes qui mèneraient consciemment une conquête. Cela est évidemment comme je l'ai précédement expliqué totalement faux. L'erreur c'est de raisonner en terme de "bien" ou de "mal", de "gentils" ou de "méchants", alors que la démographie n'est pas affaire de jugement de valeur, la démographie a la froideur des chiffres, les seuls critères pertinents sont les taux de fécondité, les tendances, les chiffres de l'immigration. Ce n'est pas un problème de moralité individuelle ou collective de telle population donnée, c'est presque un problème de physique.

Cette vision des choses heurte sans aucun doute nos propres valeurs, on aime à penser que les gens ne sont pas définis selon une appartenance ethnique mais selon leur mode de pensée, pour ma part j'y souscris aussi, je considère qu'il existe certes un déterminisme qui nous pousse à reproduire les modes de vie de nos parents, amis, et plus largement ceux admis comme "normaux" au sein de nos sociétés, mais aussi que chacun peut se construire, et adopter les idées et l'identité qu'il souhaite si on le lui permet, s'il en a la volonté.
Mais dans les faits les immigrés de ces dernières décennies adoptent que plus ou moins superficiellement notre mode de vie avec tout ce que cela implique, ce phénomène qui tranche avec les immigrations passées des polonais ou des italiens peut s'expliquer par le fait que la France et plus largement l'Europe a renoncé à sa politique d'assimilation, qui consistait à fondre dans le moule les immigrés étrangers, pour qu'ils deviennent des français comme les autres, bâtit sur le même modèle. Il faut préciser que ces flux migratoires sans précédents par leur importance ont empêchés cette assimilation, ainsi que l'origine des immigrés en question qui l'a rendu plus difficile, car il est toujours plus aisé d'assimiler dans une société occidentale des occidentaux, que des individus issus d'une civilisation qui différe par les mentalités collectives, la religion, l'histoire... Un autre élément a joué un rôle en défaveur de l'assimilation, ces immigrés algériens pour prendre cet exemple en particulier étaient issus d'un Etat né de la lutte anti-française, d'où un double sentiment plus ou moins conscient qui est à la fois le mépris pour les vaincus, et la rancoeur due à l'échec de l'indépendance que leur immigration révèle, ce qui débouche, dans les deux cas, sur une certaine haine de la France qui n'a fait que s'accroître avec les générations suivantes ne trouvant pas leur place dans cette société. Aujourd'hui il ne faut pas voir l'intégration comme un phénomène univoque, elle a lieu dans les deux sens, les français de "souche" sont presque autant influencés culturellement par ces immigrés, que ces immigrés ne s'occidentalisent.

Ce renoncement à l'assimilation signifie implicitement que maintenant plusieurs populations de cultures différentes vivent dans le pays, c'est ce qu'on nomme avec emphase le multi-culturalisme. C'est à dire ce que l'on appelle intégration à la française, dont il est vrai qu'on ne sait pas exactement ce que recouvre ce terme, une sorte de mélange inconsistant entre le communautarisme à l'anglo-saxonne et les anciens objectifs d'assimilation, qui s'est à vrai dire globalement révélée un échec. Avec le temps si ces tendances se poursuivent, avec des taux de natalité des nouveaux arrivants bien supérieurs à ceux qui sont traditionnellement les habitants de ce continent qui n'atteignent pas le taux de renouvellement, et surtout si la pression démographique se poursuit, si l'Afrique continue d'affluer en Europe, il se pourrait bien que l'Europe ne soit plus qu'une extension de ce continent, inclut dans une nouvelle aire civilisationnelle. Actuellement un changement massif de population se produit dans le silence général, presque personne ne prenant conscience des transformations profondes en cours et à venir, le politiquement correct poussant les autres à tenir leur langue. Le jour où la réalité se révélera au grand jour, où l'on ne pourra plus nier ce qui se passe, il se pourrait bien que cela aboutisse à une situation nous rappelant de tristes événements se passant dans les Balkans ou dans quelques lointains pays africains. Plus les les événements tarderont, plus il se pourrait qu'ils soient terribles.

Ce sera la première fois dans l'histoire, où des peuples auront acceptés volontairement et par idéologie que d'autres peuples s'installent dans leurs Etats et les remplacent. C'est la pulsion de mort d'une société qui a mal vieillit, et qui a force de se haïr finira par s'auto-détruire.


Le lent suicide de l’Europe continentale : où sont
passés tous les enfants ?
Comparaison des taux de fécondité des différents pays du monde

- Vae Victis